L’épisode précédent, qui était le pétrissage, suivi de la première levée, est ICI. Maintenant nous arrivons au façonnage et à la dernière levée.
Au XVIII° siècle, à la fin du pétrissage on mettait la pâte à lever sur le tour du pétrin
Puis on préparait le levain avec les ratissures pour la future fournée. C’est ce que nous avons fait dans le billet précédent, sauf qu’à défaut de pourtour du pétrin, nous avons mis la pâte à lever dans une jatte.
Le pâton juste après le pétrissage
le pâton après 3 heures au chaud.
La pâte a levé pendant 3 heures environ dans un endroit bien chaud.
Elle a gonflé, mais pas démesurément, c’est juste ce qu’il faut. Si elle monte trop à la première levée, elle risque de redescendre après. On voit quelques jolies bulles à sa surface, ce qui est de bon augure.
Après cette première levée,
On place la pâte dans une corbeille pour terminer son apprêt. Pour ce faire, on devra être très doux avec la pâte. Parmentier précise « il faut éviter d’enfoncer les poings dans la pâte et de la fouler à force de bras ».
On retourne la pâte sur le plan de travail légèrement fariné. Rappelez vous ce que je vous ai expliqué la dernière fois au sujet du sens de la pâte. Dans le bol ci-dessus, la soudure est en dessous. Je la retourne sur le plan de travail : la soudure est donc au dessus. On la voit bien sur les photos suivantes.
Vous constaterez que la pâte est redevenue un peu molle, c’est normal, c’est le levain qui a travaillé, et a distendu le gluten. Nous allons lui redonner un peu de force, mais très en douceur. Il suffit de ramener les coins vers le centre, et c’est tout. Ne la pétrissez pas, ne la malaxez pas, respectez toujours son intégrité, ne la travaillez pas en profondeur.
Je n’ai pas réussi à faire une vidéo correcte de cette étape (pas facile de contrôler à la fois l’appareil photo sur le trépied, et la pâte, ça ne va pas toujours comme je veux lorsque je manipule l’appareil avec les mains pleines de farine !) Mais ça ne fait rien, car la vidéo ci-dessous est exceptionnelle, regardez les gestes très doux du façonnage, soit en boule, soit en pain. Vous verrez qu’on n’aplatit pas la pâte, on la roule sur elle-même soit en long soit en tournant, mais sans serrer, sans la dégazer surtout !
C’est beau, non ? Moi je ne m’en lasse pas.
En suivant les conseils donnés dans la vidéo, faites une belle boule
Et mettez-la dans une corbeille couverte d’un torchon en lin épais très, très fariné. Il faut carrément le saturer de farine, et ainsi ça ne collera pas. Remarquez que cette fois-ci, le pâton se trouve dans la corbeille avec la clef, c’est à dire la soudure au-dessus. C’est important. Recouvrez avec les pans du torchon.
Remettez au chaud, pour 1 heure à 1 heure et demie, lorsque le pâton aura augmenté de volume. Si votre première levée a été longue, la seconde sera plus courte, et vice versa.
C’est à ce moment qu’on va allumer le four.
A l’époque de Parmentier, on commençait à allumer le four tout de suite après le pétrissage, il fallait plusieurs heures pour chauffer un four. Une journée entière pour un grand four de boulanger et 2 heures pour un petit four domestique. Il fallait bien calculer son coup pour que le four soit chaud au moment où la pâte termine son apprêt.
Aujourd’hui, nos fours arrivent plus vite à la bonne température. Si vous avez une pierre à pain (voir ICI l’installation du four avec la pierre à pain) , il faudra préchauffer pendant une heure à la température maximale du four. C’est indispensable pour que la pierre emmagasine bien la chaleur. Mais soyez tranquilles, ensuite le thermostat du four fera fonctionner celui-ci au ralenti, étant donné que la pierre va garder longtemps la chaleur. (Chez moi elle est encore tiède 5 heures après que le four est éteint).
Prochain épisode : la cuisson, clic.
Bonjour Marie-Claire, voilà un an maintenant que je fais mon pain régulièrement en suivant vos conseils. Mais j’apprend encore …Aujourd’hui j’aimerais avoir votre avis sur mon mode de cuisson: j’utilise depuis peu une grosse plaque de fonte très lourde pour cuire mon pain. Elle est très grande, je peux mettre deux boules dessus. Je chauffe mon four pendant 1heure avec la plaque dedans. Le résultat obtenu est mieux qu’avec une simple plaque de cuisson de four. Mais serait-il encore beaucoup mieux avec une pierre? Je n’en n’ai pas vu pour le moment de la taille que je souhaiterais car comme nous sommes nombreux à la maison, je dois cuire au minimum deux boules par fournée. Pourriez-vous me dire si vous avez un retour de la cuisson du pain sur fonte? Je vous remercie.
Je sais qu’il y a des gens qui font ça, oui. Traditionnellement on ne cuit pas le pain sur du métal, mais sur de la pierre. Sur le métal, la cuisson est violente et le risque de pain ferré est grand. C’est in défait du pain, dans lequel il est trop cuit par en-dessous.
La société Omniflamme fait des pierres sur mesure. CLIC.
D’accord, merci pour votre retour…Je vais m’organiser différemment alors.
Bonjour Marie claire
J’aimerai savoir si je peux après le dernier façonnage mettre mon pain au frais jusqu’au lendemain ou est ce que c’est une recette de pain qui se cuit obligatoirement le jour même ( ce qui marche très bien mais souvent quand je finis ma cuisson il est tard et il est dommage de laisser un si bon pain pour le lendemain seulement) . Encore merci pour vos explications comme je l’ai déjà dû dans un autre commentaire.
Merci à vous
Mettez au froid après le pointage pour faire une pousse lente, pas après le façonnage.
C’est beau ! Et moi non plus je ne me lasse pas de regarder.
Merci pour ces conseils très intéressants ! La vidéo est très instructive aussi ; les gestes sont magnifique à voir !
Je crois que j’ai une bonne expérience avec le pétrissage et le soufflage mais je rate encore très souvent le façonnage ! Ça viendra avec l’expérience et les essai-erreurs, mais j’ai une question :
Je suis souvent embêté parce que trouve que ma pate colle beaucoup, du coup je met ça sur le compte d’une trop grande quantité d’eau, je préfère ne pas insister trop et je remet dans le torchon vite fait comme ça, de peur de trop dégazer ou blesser la pâte qui s’accroche partout…
Je réalise que je ne met sans doute pas assez de farine sur le plan de travail et sur les mains (j’ai peur de trop influer sur le TH) car je vois que dans certains cas vous ne lesinez pas en farine et c’est aussi le cas sur cette vidéo. En même temps dans d’autres cas il semble qu’ils n’en mettent pas du tout et que la pâte ne pose de difficulté, elle ne colle pas…
il faut sans doute que je fasse des essai, mais selon vous :
– est-il normal que la pâte colle ?
– faut-il privilégier moins d’eau au pétrissage ou plus de farine sur le plan de travail quand je faconne ?
Merci !
Il faut bien fleurer le plan de travail et fariner les mains. Mais l’important est que cette farine ne pénètre pas dans la pâte. Elle doit toujours rester à l’extérieur.
D’autres pistes ici : CLIC
Bonjour,
J’ai réussi aujourd’hui à faire mon premier pain.
Pour le pain, après la première levée, le dessus de mon pâton c’était asséché en surface.
Quand je l’ai travaillé avant la deuxième levée, le dessus manquait donc d’élasticité, cela faisait des craquelures.
J’ai obtenu un pain très correct, dont je suis plutôt satisfaite (nous nous sommes même régalés),avec une belle croûte croustillante mais avec une mie qui aurait pu être un peu plus aérée. Comment expliquer cette sécheresse de la pâte en surface, après la première levée? J’avais recouvert d’un torchon… Peut-être ai-je mis trop de farine sur mon plan de travail?
Qu’en pensez-vous?
Bien cordialement
Mireille
C’est que l’air est très sec chez vous. Pour la première levée, n’hésitez pas à mettre un film alimentaire sur le pâton.
Pour la seconde levée, c’est moins grave car le dessus se retrouve dessous une fois dans le four. Essayez de vous procurer un torchon bien épais en lin, ou mettez plusieurs épaisseurs de torchon. On peut aussi le vaporiser avec de l’eau dans un brumisateur.
Bonjour,
J’ai vu une pierre à pain avec des alvéoles donc moins lourde je suppose : est-elle intéressante et utiliser une pierre change t-il la levée? Merci pour votre réponse. Cordialement Cannelle
Oui, la cuisson sur pierre change tout ! Mais ne la prenez pas avec des alvéoles, elle doit être plate.
Bonjour Marie-Claire,
Y a t-il besoin de faire l’apprêt quand on fait une pâte pour ne cuisiner qu’un seul pain ? C’est à dire qu’une fois le pointage terminé, on l’enfourne directement. Aussi, j’ai un banneton assez petit en diamètre, est-ce problematique de faire l’appret dans celui-ci, sachant que j’ai un volume de pate assez gros à mettre dedans ?
Cordialement
L’apprêt permet de donner de la force à la pâte, de concentrer encore plus les levures et d’assurer une bonne levée dans le four.
Si vous ne faites pas d’apprêt, le pain risque de ne pas monter dans le four, la mie sera serrée et va s’émietter.
merci bien de ces informations ! bonne journée
Bonjour Marie Claire,
Je fais un bon pain bien levé mais mes grignages ne sont pas assez profonds. Lorsque je tente de fendre ma pâte la lame de rasoir accroche et entraine trop de pâte ce qui fait que je n’ose pas trop appuyer. Peut-être avez vous un conseil?
Cordialement et merci encore Cannelle
Il faut une bonne lame comme celles qu’utilisent les boulangers. Et puis tout est dans le geste : rapide, sûr, un peu oblique… ça, je ne peux pas vous l’apprendre par internet, ça ne s’append pas dans les livres non plus, c’est en voyant quelqu’un le faire à côté de vous.
Bonjour, vous devez connaître Nicolas Supiot dans la même trempe que Jean-François Berthellot que l’on voit dans la vidéo. C’est grâce au premier que j’ai commencé a faire mon pain, il est géniale. Merci.
Oui merci de le dire ! Je ne les connais pas personnellement, mais j’espère les rencontrer un jour !
Bonjour,
votre site est formidable, et même plus que ça.
Il n’y a que quelques semaines que je l’ai découvert, même si je fais mon pain depuis très longtemps, mais ça m’a énormément apporté. Je suis d’autant plus motivée que mon compagnon a fait un vrai four à pain qui fonctionne depuis maintenant un mois.
En visionnant pour la troisième ou quatrième fois la vidéo sur le façonnage, je me pose des questions :
il semblerait que la pâte soit d’abord mise à lever dans une corbeille, puis ils forment des pâtons, en les pesant et « préformant », et plus tard ils font les pains.
Est-ce qu’on laisse lever les pâtons avant de les reprendre, et si oui combien de temps ? Je fais cuire mes pains dans des moules ronds en tôle, genre moule à manqué, jusqu’ici je mettais mes pâtons directement dans les moules avant l’apprêt, je devrais peut-être les mettre à lever dans des bannetons et les retourner juste avant d’enfourner, comme sur une pelle ?
merci pour tout (j’ai commencé le ginger bug, et autres recettes…)
vous êtes formidable ! Votre site est d’une sagesse cybernétique comme il se fait rare.
Merci vous avez été le levain de ma passion du pain, et je m’efforce de parvenir à la miche dont je rêve.
Merci encore.
(je reviendrai pour poser quelques questions )
Il n’y a pas une manière de faire du pain, mais autant de manières que de boulangers. Quelle et la meilleure me demanderez-vous ? La meilleur méthode est celle qui marche pour vous.
Moi je ne dégaze pas, et j’obtiens de bons résultats avec mon levain, ma farine, mon hydratation et mes temps de pousse. A vous de voir ce qui convient chez vous.
Si la pâte est collante c’est soit que l’hydratation est trop forte par rapport à ce que peut supporter la farine, soit qu’elle a été mal travaillée.
Pour les baguettes : autant jouer la Rhapsodie hongroise avec seulement 2 ans de piano. Les baguettes c’est ce qu’il y a de plus difficile.
Réussissez déjà vos pains de base, au moins dix fois de suite, sans en rater un seul, et ensuite vous ferez des baguettes.
Bonjour Marie-Claire,
J’ai tout d’abord une question à propos du dégazage et la vidéo. Vous mentionnez qu’il ne faut surtout pas dégazer la pâte mais dans la vidéo à 2’50 le formateur dit évacuer les bulles d’air.
Je suis un peu perdu là…
Ensuite aujourd’hui j’ai fait mon 3ème essai et en suivant toujours la même recette la pâte était très collante, bien plus que précédemment.
Je voulais essayer de faire une baguette et quelques petits pains ronds d’une cinquantaine de grammes mais avec cette pâte collante j’ai eu beaucoup de mal à les mettre en forme et j’ai obtenu des pains (bons au goût) un peu trop aplatis et compacts.
Est-ce que ça pourrait être dû au fait que j’ai pétri moins longtemps (11′) car à ce moment là le pâton se décollait du bol du robot et j’ai donc arrêté le pétrissage.
Sinon comment faut-il faire pour travailler et mettre en forme des pains autrement qu’en grosses boules ?
Merci
Jean-Marc